Surtout, ils revendiquent l’invention de cette recette emblématique de la cuisine tex-mex. Pas question de laisser croire qu’il s’agisse d’une recette mexicaine – les Mexicains eux-mêmes la laissent volontiers aux gringos. Et tant pis si l’origine du chili con carne (littéralement, « piment avec de la viande ») reste floue. Au Texas, on adhère à une seule version de l’histoire : au début du XVIIIe siècle, des migrants originaires des Canaries s’implantèrent dans une mission espagnole de la région.

La naissance de cette petite colonie, qui devint plus tard San Antonio, la septième ville des Etats-Unis, fut dignement fêtée autour d’un ragoût improvisé, épicé à souhait. La recette s’est perpétuée, jusqu’à devenir la spécialité locale. Car le chili con carne ne présente que des avantages : il est roboratif, bon marché (même les moins bons morceaux de viande font l’affaire) et facile à préparer pour un grand nombre de convives. C’était le plat idéal pour sustenter les soldats de la garnison de San Antonio ou les aventuriers de passage dans le Far West. On le servait partout, dans des gargotes ou même dans la rue : jusqu’au début du XXe siècle, des vendeuses ambulantes, les chili queens, transportaient leurs marmites de place en place…

Entre-temps, cette préparation avait déjà conquis l’Amérique, de la côte Est à la côte Ouest. Au point que certains lobbyistes texans, qui ont déjà obtenu que leur recette fétiche devienne le «plat officiel de l’Etat du Texas», font des pieds et des mains pour qu’elle soit aussi déclarée «plat national». Rien que ça !

Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse d’une recette originaire du Texas ou du Mexique, je ne vous ai pas habitué à ce type de cuisine puisque la seule recette origininaire de “par là-bas” que je vous ai déjà proposée est la recette d’une soupe mexicaine appelée puchero.